Lakou 2024
du 4 au 6 octobre 2024
Jour 1 : l'Hémicycle
4 octobre 2024
Inauguration Lakou 2024
Le vendredi 4 octobre, c'est au cœur de l'hémicycle du Conseil économique social et environnemental à Paris que nous avons inauguré le Sommet Lakou 2024 et lancé les travaux qui allaient être menés par les membres du sommet : une délégation de 25 personnes représentant 13 organisations venues des quatre coins du monde : Mayotte, Polynésie, Réunion, Guyane, Guadeloupe, Martinique et Nouvelle-Calédonie.
Madame Inès BOUCHAUT-CHOISY, Conseillère et ex-Présidente du groupe Outre-mer du Conseil économique social et environnemental, a accueilli la délégation ultramarine au sein de cette instance, 3ème chambre après l'Assemblée nationale et le Sénat, suivi de M Jacques Martial, adjoint à la maire de Paris Anne Hidalgo, chargé des Outre-mer.
Nous étions attachés à l’idée que le sommet ait lieu au sein du CESE dont la mission est de favoriser le dialogue entre les différentes composantes et la société civile organisée et qualifiée mais aussi de jouer le rôle de trait d’union entre les pouvoirs publics et les Français. Un espace particulièrement indiqué pour héberger le Sommet des luttes sociales et environnementales des outre-mer dont les populations sont particulièrement absentes du débat public.
L'Hémicycle
Ce fut un honneur d'accueillir cette délégation qui milite ou travaille quotidiennement pour la protection de l'environnement, contre l'empoisonnement de ses terres; l'insécurité; pour l'accès aux droits fondamentaux ; contre l'accaparement des terres par les békés; pour une agriculture saine et un retour aux pratiques ancestrales; pour une économie solidaire des plus précaires et la réinsertion des jeunes sur le marché du travail; pour des réparations et une reconnaissance des droits des peuples autochtones; pour une démocratie au service du peuple...
Lakou, c'est mettre en commun ses forces, ses pratiques, faire preuve de résilience. C'est le partage, la solidarité, c'est se battre pour vivre dignement.
C'est dans cet esprit que nous avons lancé cette première édition du Sommet Lakou et pour cela, nous avons souhaité être accompagné d'une experte en démocratie participative : Amandine Ilolo, fondatrice de l'agence The Way You Are, avec qui nous avons conçu le programme des travaux des membres de la délégation, également impliqués en amont de sa conception. Amandine a été pilote de l'animation des travaux les 4 et 6 octobre et coordinatrice du groupe de bénévoles qui découvrait les techniques d'animation en intelligence collective.
Briser la glace “Raviver le souvenir écologique”
Les membres ont été invités à produire des photos ayant marqué la vie des habitantes et habitantes de leurs territoires : mobilisations sociales, éruptions volcaniques, paysages, montagnes, océans... Chacune et chacun a pris la parole pour décrire sa photo, expliquer les raisons de son choix et réagir à celles des autres participantes et participants.
Atelier #1 - Découvrir nos luttes, Converger
Cet atelier a permis de découvrir les luttes de chaque organisation, partager un savoir-faire, une réussite, une difficulté majeure et d'identifier les luttes convergentes, les talents et expertises des uns et des autres. L'occasion d'échanger plus longuement et en présentiel après avoir fait connaissance virtuellement au courant l'année 2024
Conversation #1 Les leviers de financement
Nous avons souhaité organiser une rencontre entre la délégation et des organisations philanthropes.
Cette conversation a permis de mieux comprendre le fonctionnement de l'écosystème philanthropique français, avec quelques exemples de projets financés dans le domaine de la protection des droits humains et inégalités sociales. De connaitre les stratégies mises en place par les fondations et le contexte dans lequel elles s'inscrivent.
Quelle place pour les projets ultramarins ? C'est une discussion riche qui s'est prolongée autour d'un déjeuner avec la délégation.
Plusieurs fondations ont répondu présentes:
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Fondation de France : Sofia Laroussi, Responsable grande cause droits humains et justice sociale
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Fondation européenne pour le climat : Karine Gavand, Directrice du programme France et Achraf Manar, associé au programme France
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Fondation Un Monde par tous : Emilie Deudon, Co-responsable de la Fondation
Nous remercions ces organisations ainsi que notre partenaire la Fondation européenne pour le climat d'avoir répondu présente à cette invitation.
Atelier #2 - Les outils juridiques & les instances européennes et internationales
Alors que les outils juridiques sont un levier non négligeable dans la lutte contre les inégalités et la protection de l'environnement, ils sont peu ou méconnus des organisations militantes ou à mission. Couteux et nécessitant des ressources humaines qualifiées, il est pourtant possible de mobiliser ces outils en collaborant avec d'autres organisations spécialisées.
C'est ainsi que nous avons proposé un atelier animé par l'une des organisations membres du Sommet, Kimbé Rèd FWI, dont la mission consiste à réaliser des plaidoyers et contentieux pour protéger et promouvoir les droits humains aux Antilles et dans les territoires français dits d'outremer sur la base du droit international des droits humains, en duo avec l'association NOTRE AFFAIRE A TOUS qui utilise le droit comme un outil de lutte contre la crise environnementale et défend une vision du droit en faveur de la justice sociale et des communautés premières concernées.
L'atelier a permis de présenter les différents outils juridiques utiles et la manière de les activer d'une part puis d'identifier les instances européennes et internationales que nous pouvons interpeller. Intervenantes: Sabrina Cajoly, fondatrice de Kimbé Red & Drussilla BRET-ROBERTSON, avocate à la cour, collaboratrice de Kimbé Rèd et Emma Feyeux, Responsable de projets inégalités et santé environnementale & Adeline Paradeise, juriste à Notre affaire à tous.
Conversation #2 : comment faire face aux crises sociales ?
L'objectif de cette conversation était d'évoquer les crises sociales survenues dans plusieurs territoires et de parler de la manière dont les organisations membres du Lakou ont pris part aux actions menées pour les traverser et/ou trouver des solutions. Trois méthodes émergent : la transmission des savoirs, la mobilisation et entreprendre pour faire résilience.
Transmission des savoirs ancestraux
Pour cette conversation, nous avons invité deux organisations membres du Sommet Lakou qui travaillent avec les populations les plus exclues et donc les plus vulnérables. Nous avons abordé la question de la transmission (intergénérationnelle, interculturelle ou inter-territoriale) notamment en tant de crises, avec l'Université Zarboutan qui nous a parlé de la manière dont la population a fait face à la Crise du Chikungunya grâce aux savoirs ancestraux puis c'est avec Kapab6t que nous avons poussé la réflexion jusqu’aux crises les plus récentes en intégrant la notion d’inclusion des populations plus récemment arrivées sur le territoire ou même les plus isolés géographiquement.
Mobilisation & engagement associatif
Comment dénoncer les injustices, les inégalités sociales ou encore le délaissement des pouvoirs publics sur les questions de protection de l’environnement ? Ici, nous avons évoqué les mobilisations spontanées mais aussi le travail des associations. Direction la Guyane avec l’exemple du mouvement social de 2017 (les 500 frères) co-portée par l'organisation membre du Lakou Trop Violans 973 qui a rappelé les enjeux majeurs auxquels fait face le territoire, et direction la Polynésie où malgré une crise écologique plus que visible les pouvoirs publics manquent à leurs devoirs notamment sur les questions de mobilité, logement ou de gestion des déchets, avec l'intervention d'Arainoa.
Résilience écologique : entreprises à mission
Sur un territoire comme celui de Mayotte où la pauvreté et les questions d’insécurité sont centrales, quelles actions mettre en place pour y faire face ? Est-ce que finalement l'écologie ce n'est pas être résilient, faire avec les ressources disponibles et transmettre son savoir comme discuté à la 1ère table ? Ou devons nous manifester pour revendiquer un droit d’accès aux fondamentaux comme en Guyane, ou encore faire le travail des services publics comme en Polynésie ? Deux organisations membres du Lakou basées à Mayotte, Yes We Cannette et Habit'Ame, ont choisi la voie de l’entreprise à mission pour faire face aux crises multiples du territoire.
Les Rencontres Militantes
Créer du lien entre organisations ultramarines est essentiel mais nous avons souhaité aller plus loin en organisant une rencontre entre cette délégation et des organisations hexagonales engagées sur diverses thématiques.
Kanaky : introduction à l'actualité
Au regard de l'actualité et du contexte politique tendu et afin que les organisations présentes soient correctement informées, nous tenions à ouvrir cette séquence avec une intervention des deux organisations membres du Sommet Lakou venues de Kanaky-Nouvelle Calédonie : Jean-Yves Nomoigne, représentant INAAT NE KANAKY, le Conseil des Chefs Coutumiers de Kanaky et Jérome Bétrancourt, fondateur de l'association Nos Vies Nos Avis.
Hexagone : 3 minutes pour se présenter
Une à une, les organisations hexagonales se sont présentées à la délégation ultramarine. En 3 minutes, elles ont évoqué leurs missions. Etaient présentes : ON EST PRET, En Terre Indigène, Destin Liés, GHETT'UP, la Fédération des enfants déracinés des DROM, FNE, Notre affaire à tous et Ultramarins Doubout
Nous les avons invitées à mesurer l'opportunité de collaborations futures avec la délégation.
Le Métro militant : bienvenue à Paris !
Les membres du Sommet Lakou ont été invités à prendre le métro militant à vitesse réelle (!) pour s’arrêter à 5 stations : les associations de l’hexagone présentes à chacune des stations pouvaient, cette fois, entrer dans le vif du sujet :
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Station 1 : Quartiers populaires et Jeunesses
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Station 2 : Droits du vivant
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Station 3 : Mémoire/Culture
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Station 4 : Société civile/Justice sociale
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Station 5 : Mobilisation citoyenne/Pouvoir d'agir
Jour 2
Le Forum Associatif
Au programme de la journée : 20 stands d'associations et auteurs engagés pour les outre-mer, deux tables rondes et des prestations musicales.
Tables rondes
Autosuffisance alimentaire : comment sortir de la monoculture ?
C'était le thème de la table ronde animée par Priscillia Ludosky, co-fondatrice du CLSE Avec la participation de :
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Steeve Salim, fondateur et gérant de Guadeloupe Forever et du Comptoir Local, une épicerie fine alimentée de productions issues du groupement collaboratif d'agriculteurs engagés à produire sainement et durablement sur le modèle de l'agriculture traditionnelle, du jardin créole, de l'agroécologie ou de la permaculture
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Stéphanie Gonthier, co-créatrice de l'Université Zarboutan, association de transmission des savoirs et savoir-faire traditionnels de la Réunion et de la zone Océan Indien
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Lilith, Militante anti chlordécone et membre du COAADEP, Collectif des ouvriers agricoles et ayants-droit empoisonnés aux pesticides
Un aller sans retour : une transition écologique sans la jeunesse ultramarine !
Comment mener une transition écologique si les jeunes sont obligés de quitter leurs territoires pour s’exiler en hexagone alors qu’ils pourraient contribuer à mener cette transition grâce à leurs compétences ? Nous en avons parlé avec nos intervenant.es à l'occasion d'une table ronde animée par Mamadou Dembélé - Fondateur de THE IMPACT STORY ! Avec la participation de :
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Mathilde Robert, Urbaniste, militante féministe, membre du CLSE - La Réunion
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Jason Man, militant et ex vice-président de la Fédération des associations de protection de l’environnement de Polynésie (FAPE)
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Malcom Ferdinand, Chercheur au CNRS, Co-président de l'Observatoire Terre-Monde (OTM) - Martinique
Jour 3 "Le Séminaire"
6 octobre
Conversation #1 :
Crises et impact
sur la santé
mentale des
populations
ultramarines
En rebond à la conversation sur les crises sociales du vendredi 4 octobre, il s’agissait ici de rappeler brièvement la
spécificité des crises sociales et d’en identifier les impacts sur
la santé mentale.
Le début de cet atelier a consisté à explorer, dans les sensations, ce sujet de l'épuisement, de l'urgence… Puis les participants ont travaillé à identifier les signes individuels d'épuisement pour aborder ensuite les signes d'épuisement au sein des collectifs, avant d'en chercher les facteurs et de partager des pratiques inspirantes collectives et individuelles pour en sortir. Pour finir sur une note positive, le groupe a partagé les pratiques mises en place pour cultiver la joie militante.
Intervenante : Marie Laure Ghislain, autrice ayant étudié les facteurs qui mènent à l’épuisement en milieu militant
Ateliers #2 & 3
Se rassembler autour d’une vision
commune et de
valeurs
Construire notre feuille de route
Agir ensemble, construire notre feuille de route pour les prochains mois et organiser le travail. Une fois les axes de travail identifiés, il a été question de prioriser un certain nombre d'actions d'ici à 2028 afin d'avoir un calendrier commun, clair, facilitant la coopération à distance et l'élaboration de plan d'actions.
Définir notre vision et notre mission, nos valeurs, nos grands objectifs communs c'est poser les bases d'une collaboration saine et efficace. Chaque territoire fait face à ses propres enjeux néanmoins il
est possible d'identifier des angles de travail commun pour élaborer des stratégies et plans d'action en collectif afin de d'obtenir des résultats plus rapidement.
Conversation #2 Santé &
Environnement
Ce moment a permis d’évoquer un enjeu majeur sur lequel alerter le public collectivement sous l'angle de la santé publique. Il a été question de l'usage des pesticides et de leurs effets sur la santé à travers l'alimentation (cancers, AVC...) ou encore des essais nucléaires en Polynésie.
Intervenants :
Winiki Sage (FAPE)
Yvon Sérénus (COOAADEP)
Steve Salim (GUADELOUPE FOREVER)
Rosalie Gaschet (ASSAUPAMAR)
Récit de VICTOIRE DES PREMIERES NATIONS DU CANADA par Sabrina Cajoly, Fondatrice de Kimbé Rèd, qui nous apprend que l’histoire coloniale du Canada a eu de profondes répercussions sur les peuples autochtones (330 000 personnes dites "Premières Nations") , leur gouvernance et leur accès à l’eau potable. En 2019, elles ont initié des recours collectifs nationaux contre l’Etat pour défaut d’accès adéquat à l’eau potable. En 2021, l’Etat canadien s’est engagé à un règlement de 8 milliards de dollars.
Se dire au revoir
dans la gratitude
Synthèse de l'édition 2024
A venir
Rapport de l'édition 2024
A venir